Jean-Charles Leyris

A l’origine, le goût pour les histoires, celles que je me raconte adolescent pour m’extraire d’un quotidien aride, sans relief. D’abord, je m’invente des mondes merveilleux et romantiques puis, grandissant, je m’aventure à la rencontre des autres. Une attirance pour ce qui se passe de l’autre côté de la rue, dans l’appartement mitoyen, dans la vigne ou la pâture du paysan voisin. Jamais très loin, sans envie de traverser les mers ou d’emprunter les airs. Mais avec des outils de collecte : un appareil photographique, un carnet et un stylo.


Je mets du temps à donner forme à cette activité mi-poétique, mi-scientifique consistant à observer, consigner, classer, analyser, restituer. Après une formation de photographe et un parcours universitaire assurément pragmatique (sciences politiques et gestion d’entreprise), je fais des études d’ethnologie, discipline qui me semble condenser tout ce qui me constitue et me passionne : la rencontre de l’autre, le récit de vies ordinaires, la posture tour à tour immergée et distanciée, l’écriture ou les images pour exprimer l’acuité d’un regard et pour transmettre.


Le cinéma documentaire m’arrive il y a dix ans comme une suite logique, un prolongement de tous ces tâtonnements et convictions. Je réalise un moyen métrage, puis un court, porté par le désir de raconter des trajectoires de migration et de travail ouvrier, collecter des gestes agricoles et artisans, contribuer à la fabrication des mémoires, garder trace.


Le cinéma que j’aime est avant tout social, intime et poétique, en tension entre le quotidien et la transcendance. Les images, le son et la narration – tous savamment et patiemment assemblés – ont ce pouvoir magique de donner accès à une part invisible et sublimée de l’existence. Un pouvoir de révélation.


C’est dans cet esprit que j’essaie depuis quelques années d’accompagner des réalisatrices et réalisateurs qui poursuivent ce même rêve un peu fou d’explorer leur intimité pour nous emmener loin, bien plus loin qu’on ne l’imagine. Travailler à leur côté, décrypter leur quête pour qu’elle prenne forme et se fortifie, mettre tout en œuvre pour que le film se fasse dans les meilleures conditions possibles : voici ce qui m’emporte. Je suis, avec mes ami.es de la coopérative, une sorte de co-rêveur à la recherche d’histoires et de points de vue singuliers nous permettant – ensemble – de décoller.

Jean-Charles Leyris

jc.leyris@lesfilmsdelapepiniere.fr

 

Les Cèdres

Un film de Lauren Dällenbach

Ceux du Feu

Un film de Danielle Balossa-Tsiakaka